jeudi 5 février 2015

La Tragédie du Belge – Texte Sonia Bester, direction musicale Camille

Le dimanche, lundi et mardi soir, au Théâtre de Belleville, se joue une pièce tout a fait particulière : La Tragédie du Belge.


Le Belge est un mari soumis à Thérésac, femme autoritaire qui tient d'une main de fer les organes génitaux de son cher et tendre. Las et surtout très endolori, le Belge s'échappe le temps d'une nuit, pour assister à un cocktail à Paris. Il y rencontre Olgac, jeune rêveuse légèrement dépressive. Et là, c'est le coup de foudre. Il vivent une idylle : l'étau du Belge se desserre lentement et la fantaisie revient dans la vieOlgac. Mais un beau jour, le Belge reçoit une invitation à dîner : le Roi le convie à sa table où le Belge retrouve Thérésac. Drame en perspective…

" Le 26 août, je suis plaquée par Le Belge. Les 27 et 28 août, je pleure sans relâche. Le 29 août, pour exorciser ma peine, je demande à ma famille de jouer mon drame sentimental. Ainsi est née La Tragédie du Belge. "


La Tragédie du Belge est une véritable « tragédie du grenier », les costumes volent (les couilles aussi), les blagues fusent et les chansons viennent rythmer la pièce et tordre les syllabes. La pièce de Sonia Bester (alias Madame Lune) et les compos de Camille sont à tomber par terre !

Alors, en attendant dimanche, régalez-vous avec les vidéos gentiment déjantées des Films Lunaires.



La Tragédie du Belge
Texte et mise en scène : Sonia Bestler

Théâtre de Belleville
 du 26 janvier au 17 février
le dimanche à 20h30, lundi à 21h15 et mardi à 19h15

Métro Ligne 11 ou 2 - Belleville

jeudi 29 janvier 2015

Tristesse Animal Noir - Anja Hilling

Un grand moment se prépare au Théâtre de l'Aquiarium – La Cartoucherie : Guy Delamotte reprend Tristesse Animal Noir, d'Anja Hilling, du 3 au 15 février.


Anja Hilling est une dramaturge allemande d'un immense talent. Née en 1975, elle obtient son diplôme en « écritures scéniques » à la Universität der Künste de Berlin, après avoir suivi une formation universitaire en lettres et en théâtre.

Le succès ne se fait pas attendre. En 2003, elle obtient le Prix du Meilleur Espoir d'Ecriture Dramatique lors des Rencontres Théâtrales de Berlin, avec sa première pièce Sterne / Etoiles. La même année, elle est invitée en résidence au Royal Court de Londres. Très vite, des professionnels du théâtre du monde entier s'intéressent à son travail. Bientôt, ses pièces sont jouées dans toutes l'Allemagne, en Autriche, en Russie et traduites dans plusieurs langues. En 2007, soit un an après la fin de ses études, le Schauspielhaus d'Hanovre lui commande une pièce de théâtre : elle écrit Schwarzes Tier Traurigkeit / Tristesse Animal Noir. C'est déjà sa huitième pièce.


En 2013, la pièce est représentée au Théâtre national de la Colline, dans une mise en scène de Stanislas Nordey. Deux ans après, les mots résonnent toujours et n'ont rien perdus de leur force.


Un groupe d'amis, bobos, tous plus ou moins artistes s 'offrent une escapade en pleine nature, le temps d'une journée. Un grand pique-nique est prévu, ainsi qu'une nuit à la belle étoile. Nous entrons dans la première partie : La Fête. C'est le temps du dialogue, des complicités et des médisances anodines.
Arrive Le Feu. L'incendie qui surgit dans la nuit. Le chaos gagne vite la forêt, les esprits et les corps. Les chairs, comme les mots, sont rongées par les flammes. Chaque personnage se défait peu à peu de ses oripeaux sociaux et se métamorphose en animal aux abois, luttant pour sa survie. Les voix intérieures s'élèvent, incandescantes et fatales.
La troisième et dernière partie est un retour à La Ville. Tous on repris le cours de leurs vies, mais rien n'est plus pareil. Ce ne sont plus des hommes, mais des rescapés. Si les traces de l'incendie ne sont plus visibles, les survivants semblent pourtant piégés sous les cendres, étouffés sous le poids de leurs fautes, s'évertuant, jour après jour, à reconquérir leur part d'humanité.

Anja Hilling nous captive dès les premières phrases. Elle nous fait vivre l'horreur plus qu'elle ne la décrit. Elle fait naître en nous un flot d'émotions, et de questions. Elle interroge notre humanité : qu'en reste-t-il sans la société ? Qui sommes nous réellement, lorsque nous redevenons des êtres nus face à la nature et face à nos semblables ? Guy Delamotte nous donne sa réponse au Théâtre de L'Aquarium, mardi à 20h30. Autant dire que nous avons hâte d'y être !

Tristesse Animal Noir, d'Anja Hilling
Tristesse Animal Noir, d'Anja Hilling
traduction de l'allemand par Sylvia Berutti-Ronelt
en collaboration avec Jean-Claude Berutti

Théâtre de L'Aquarium - La Cartoucherie
Mise en scène Guy Delamotte
du 3 au 15 février 2015
du mardi au samedi à 20h30 et le dimanche à 16h
Métro Ligne 1 - Château de Vincennes

jeudi 22 janvier 2015

Hommage de l'auteur absent de Paris - Emmanuelle Allibert

Après les tragiques événements qui ont marqué ce début d'année 2015, Talentueuses met un brin de bonne humeur dans sa rentrée.
Fuyant la rigueur de l'hiver, c'est au fond d'un fauteuil, armée d'un thé et d'un livre que je passe le plus clair de mon temps. Mais ce week end, Emmanuelle Allibert est venue bousculer un quotidien parfois maussade.










"L'édition tout entière a tremblé quand la cuisine est devenue le passe-temps préféré des Français"












Hommage de l'auteur absent de Paris, son premier livre, est paru aux éditions Léo Sheer début janvier. Il nous entraîne dans les coulisses de l'édition et, plus précisément, dans les pas de L'Auteur. Elle-même attachée de presse, Emmanuelle Allibert sait de quoi elle parle. En neuf ans, elle en a vu défiler des écrivains, célèbres ou méconnus. Elle les connaît tous sur le bout des ongles, du génie au scribouillard et s'en moque gentiment, comme des mythes qui les entourent.

L'auteur pauvre mais inspiré, arpentant les vernissages, vêtu de sa veste de velours fétiche élimée aux coudes. L'angoisse de la page blanche et la tentation du plagiat. Le tour de France en train pour arpenter les Salons du Livre et l'obsession du fameux bandeau rouge !

En plusieurs chroniques, Emmanuelle Allibert dresse un portrait moqueur et tendre d'un milieu où les petits mensonges de société abondent. L'écriture est vive, rythmée et surtout légère. Une vraie gourmandise pour tous ceux qui ont déjà entrevu le petit monde de l'édition et pour ceux que ce milieu intrigue.

Hommage à l'auteur absent de Paris est, en ces temps moroses, l'antidépresseur indispensable à tous les amateurs de littérature.











Hommage de l'auteur absent de Paris
Emmanuelle Allibert
éditions Léo Sheer, Paris, 2015
216p. 18€

dimanche 23 mars 2014

La vie songeuse de Leonora de la Cruz

Les portes du Salon du Livre de Paris ont ouvert ce samedi. Nous sommes donc allées fureter sur les différents stands et sommes revenues avec une pépite : La vie songeuse de Leonora de la Cruz, d'Agnieszka Taborska, paru aux éditions Interférences.


L'auteure est d'origine polonaise. Historienne de l'art et spécialiste du surréalisme, elle enseigne aujourd'hui aux Etats-Unis. Elle nous livre ici un texte tout à fait spécial, accompagné de magnifiques illustrations (des collages principalement) signées par l'artiste américaine Selena Kimball. Il s'agit donc de la vie de Leonora de la Cruz, sainte espagnole qui est devenue la muse des surréalistes.
Les deux femmes nous perdent entre mythe et réalité. Qui est donc cette mystérieuse religieuse endormie, déclarée sainte après avoir réalisé des prophéties fondées sur ses rêves ? Cette femme considérée comme la « déesse de la féminité » par les surréalistes a-t-elle seulement réellement existé ?
On découvre ce livre avec joie, séduites par l'humour du texte et en admiration devant les lithographies. Surtout, on en apprend plein sur le mouvement surréaliste ! A feuilleter d'urgence ! 
La vie songeuse de Leonora de la Cruz, d'Agnieszka Taborska et Selena Kimball, traduction (polonais) de Véronique Patte, éditions Interférences, Paris, 2007.

Plus d'infos sur le site de l'éditeur : http://www.editions-interferences.com/

Marina Poliakova

Après une année délicate et un blog un peu (beaucoup…) délaissé, nous voici reparties de plus belle en ces premiers jours de printemps.


Dimanche dernier, nous nous sommes précipitées au Centquatre pour profiter du dernier jour de l'exposition Circulation(s). Parmi tous ces jeunes talents, une série de photographies nous a particulièrement plu : Bridegrooms ? de Marina Poliakovà.
Du haut de ses trente-quatre ans, l'Ukrainienne a déjà une belle carrière. Outre les expositions, elle dirige la Victor Marushchenka School of Photography à Kiev et est également rédactrice en chef du magazine 5,6 consacré, naturellement, à la photographie.
Bridegrooms ? est une série de nus masculins où les hommes posent dans des paysages bucoliques, adoptant les postures traditionnelles féminines. Le texte expographique nous informe sur les intentions de l'artiste : elle souhaite interroger le rôle des hommes dans la société moderne et le glissement lent du poncif de l'homme de pouvoir à une vision de l'homme moderne qui accepte et revendique de plus en plus son côté vulnérable. Et on adore ! Car donner l'occasion aux hommes d'afficher leur part de féminité, c'est admettre que les femmes, elles aussi, sont « puissantes » par nature (et ça fait toujours du bien de tordre le cou à l'idée qu'une femme ambitieuse ne peut être qu'une gorgone). 


Nous sommes loin des héros de l'Antiquité dont la nudité (même lorsqu'ils sont en train de terrasser un dragon, c'est dire…) représente l'aspect divin, ou de ces Dieux du stade en pagaille qui ont pour unique but de glorifier la « force virile ». Les clichés de Marina Poliakovà nous plongent dans un univers onirique où les genres sont transcendés et où ne compte que l'être humain merveilleux dans sa fragilité.

Toute la série Bridegrooms ? est à voir sur le site de la Bottega Gallery en cliquant ici

mercredi 9 octobre 2013

La vie Domestique - Isabelle Czajka


Bonjour et bienvenue sur Talentueuses, le blog qui met la création féminine à l'honneur.
C'est avec "La vie domestique", film d'Isabelle Czajka, à l'affiche depuis le 2 octobre, que nous entamons l'aventure. Et c'est loin d'être simple...

Juliette (Emmanuelle Devos) et Inès (Héléna Noguerra) au parc.

La réalisatrice nous invite à suivre Juliette (magnifique Emmanuelle Devos), dans son quotidien de mère au foyer. Sur vingt-quatre heures s'égrènent les discussions sordidement banales de cette femme et de ses voisines de banlieue, partagées entre la machine à café et la lessive, pendant que leurs maris jouent au golf ou s'initient au tir à l'arc.
Ici, pas de dialogues engagés, ni de remise en question. Juliette est le seul personnage à être un tant soit peu en proie au doute. Les faits et rien d'autre! Mais, surtout, les faits divers et avant tout celui qui viendra hanter nos "héroïnes" tout au long de la journée : la disparition d'un nourrisson.  L'absence d'analyse dans le discours ou dans le caractère des protagonistes irrite, voire ennuie, assez vite. Nous sommes tentés de crier à la caricature pourtant… les minutes passent et le propos se nuance.
Bercés par les conversations insignifiantes, nous nous laissons envahir par les images. Les longs plans sur le parc de Cassan suggèrent que tout n'y est pas si quelconque. Le lieu est filmé sous tous les aspects. Il est tantôt le décor des jeux d'enfants après l'école, tantôt celui d'événements tragiques. Il devient alors un personnage à part entière et même le principal. Miroir des êtres dont le sourire dissimule des fantômes, révélateur de la cruauté intime de ces quatre couples, masquée par l'uniformité de leur vie en banlieue.
Nous sommes touchés par la poésie de la métaphore et une sensation étrange de flottement nous poursuit une fois passée la porte du cinéma. Elle est cependant vite remplacée par une autre : la frustration. Funambule, l'oeuvre d'Isabelle Czajka est comme en équilibre, oscillant sans cesse entre légèreté et profondeur.  Mais en nous évitant la chute, il semble que l'auteur nous ait également privé d'une belle émotion.

La Vie Domestique _ Isabelle Czaka
Drame français (1h33),  en salle depuis le 2 octobre 2013 avec Emmanuelle Devos, Julie Ferrier, Natacha Régnie et Héléna Noguerra.
D'après le roman Arlington Park de Rachel Cusk.